Le canistel - Pouteria campechiana - est un arbre qui peut atteindre dix mètres de hauteur. Il produit des fruits jaune-orangé, comestibles. Leur chair jaune est douce, avec une texture souvent comparée à celle d’un jaune d’œuf cuit, d’où le nom de fruit-œuf. Son écorce est brune et sillonnée avec une quantité abondante de latex blanc et gommeux. [1]
Cette plante et son fruit portent un grand nombre de noms en Thaïlande comme ผลไม้เนื้อสีทอง (phon la mai nuea si thong - fruit à chair dorée).
À Ratchaburi - Kanchanaburi, ลูกท้อ (luk thao) mot qui désigne ordinairement la pêche (Prunus persica),
À Prachinburi, ท้อเขมร (tho khamen, triste khmer),
À Phetchabun, ทิสซาฟิลิปปินส์ (thit sa philippine) [2]
- Canistel sur l’arbre
Origine
Le canistel serait originaire du Belize, du Guatemala, du Salvador et du sud du Mexique.
On le rencontre sous forme de plantation dans de nombreux pays d’Amérique latine et aux Antilles. Il serait l’une des premières espèces fruitières cultivées par les Incas comme l’attestent des poteries de la culture Viru. [3]
- Bouteille antique en forme de canistel de style Viru - Pérou - 250 ans av. J.-C.
Ses feuilles sont sont assez longue et étroites d’un vert cru. Ses fleurs sont verdâtres en forme de clochette allongée.
- Canistel (Pouteria campechiana) - Fleurs
Elles donnent naissance à des fruits de formes très variées.
- Pouteria campechiana - fruit
Le fruit se récolte quand sa peau devient jaune avant qu’elle ne se fissure.
La pulpe rappelle le jaune d’œuf par sa couleur et sa texture farineuse assez sèche.
Sa saveur, sucrée, légèrement musquée peut évoquer le kaki [4].
Le fruit se mange cru et est utilisé pour la confiture, la marmelade , les crèmes glacées...
En Floride, il se mange salé et poivré, très certainement avec du ketchup et de la mayonnaise !
Dans certains pays d’Amérique latine et des Caraïbes il est assaisonné avec du jus de citron ou de lime.
En Thaïlande, les fruits frais sont consommés crus, ils peuvent également être utilisés pour faire des desserts comme des gâteaux, de la crème anglaise, de la confiture, de la gelée, des crêpes ou cuits au four.
Composition
Le canistel a une bonne teneur en minéraux et vitamines.
Il est riche en niacine [5] et en carotène qui lui donne sa couleur avec une bonne quantité de vitamine C.
À Cuba, la décoction d’écorce de canistel est utilisé pour des éruptions cutanées ; les noyaux pour les ulcères ; les fruits pour soigner l’anémie [6].
Au Mexique, la décoction astringente d’écorce est utilisée pour les fièvres, comme remède pour des problèmes coronariens, les troubles du foie, l’épilepsie, les maladies de la peau et les ulcères [7].
En Thaïlande, les feuilles sont utilisées pour traiter le scorbut, les graines les plaies en purulentes, l’écorce précoce pour traiter la fièvre, les éruptions cutanées...
En Amérique centrale, le latex extrait de l’arbre peut être utilisé comme chicle (chewing gum) comme celui du sapotillier.
Dans les années 70, un dérivé du noyau a fait l’objet d’une étude pour son activité contre la dermatite séborrhéique du cuir chevelu. L’étude n’a pas aboutie faute de moyens de se procurer suffisamment de produit.
Le bois peut être utilisé dans la construction et l’ébénisterie. Il résistant, dur et lourd. On réalise des planches et des chevrons de qualité.
Curiosité
Une espèce de canistel (Pouteria lucuma) a été introduit au Viêt Nam et se dénomme en vietnamien cây trứng gà littéralement plante œuf de poule ) en raison de l’allure du fruit. Il est parfois appelé lekima, une appellation qui est la translittération du mot lucuma [8]
- Poutaria lucuma du Vietnam
Dénominations
Noms communs : canistel, lucuma., pomme campêche.
À La Réunion : canistel, sapote jaune, jaune d’œuf.
Anglais : egg fruit tree, canistel, yellow zapote, yiessas
Tchèque : sapota žlutá.
Allemand : Gelbe Sapote.
Japonnais : kanisuteru.
Espagnol : atzapotl (fruit), atzapolquahuitl (tree), caca de niño, cakixo, canistel, canizte, costiczapotl, cucumu, custiczapotl, fruta de huevo, hantzé, huevo vegetal, huicon, huicumo, kanis, kaniste, kanixte, kanizte, kantez, limoncillo, mamey cerera, mamey cerilla, mamee ciruela, mamey de campechi, mamey de cartagena, mammee sapota, palo huicon, sapote amarillo, siguapa, zapote amarilla, zapote amarillo, zapote de niño, zapote borracho, zapote mante, zubul ; guaicume, guicume, zapotillo, zapotillo amarillo, zapotillo de montana, zapote de niño.
Thaï : lamut (comme la sapotille), lamut khai mon (มอนไข่), lamut kha men.
Vietnamien : trái trứng gà, cây trứng gà
Noms scientifiques
Poutaria campechiana
Lucuma campechiana Kunth.
Lucuma nervosa A. DC.
Richardella campechiana (Kunth).
Classification
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Dilleniidae
Ordre Ebenales
Famille : Sapotaceae - Sapotacées.
Genre : Pouteria
Origine : Belize, sud du Mexique et Amérique centrale.
[1] Le latex ne doit pas être confondu avec la sève. Le latex est un liquide plus ou moins épais, produite par des plantes et par des champignons (dont les lactaires - Lactarius ).
Souvent blanc laiteux, parfois transparent ou coloré, le latex est souvent gluant et coagule à l’air se transformant en un matériau élastique, comme celui de l’hévéa (Hevea brasiliensis) qui sert à la fabrication du caoutchouc naturel ou celui du sapotillier (Manilkara zapota ou Achras sapota) qui sert à la fabrication du chewing-gum naturel.
La sève assure la distribution de l’eau, des sels minéraux et des glucides. Le latex est impliqué dans les mécanismes de défense de l’arbre. Il circule dans un réseau distinct de vaisseaux de sève, les canaux laticifères. Comme la résine du pin, il suinte lors d’une blessure et forme une protection en coagulant.
[2] Pouteria campechiana est aussi connu sous le nom de sapote jaune, de jaune d’œuf (à la Réunion ou il a été introduit en 1983 par le CIRAD - Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. L’espèce y est présente uniquement à l’état cultivé.
[3] La Culture Viru Gallinazo s’est développée sur le litoral nord du Pérou du IIe siècle avant J.-C. au IVe après J.-C. Elle tient son nom du site de Virú où la population gallinazo implantât son centre administratif et religieux principal. Malgré son extension géographique et sa longue présence le long du littoral péruvien, la culture Viru est restée dans l’ombre des recherches archéologiques importantes consacrées à la culture des Moche quasi contemporaine. Leur proximité géographique font que leurs styles se mêlent, et beaucoup d’experts laissent de côté les débuts du développement de cette même population Gallinazo, pourtant essentiels pour comprendre le raffinement des Moche. De plus, les débuts de la cultura Viru se confondent avec la fin de la culture Salinar, dont ils héritent de beaucoup de caractéristiques.
La céramique viru est en général rouge, ornée d’incisions, de motifs peints en blanc. On observe aussi des dessins en négatif obtenus par l’application de pigments noirs. Les formes traditionnelles sont les vases à anses en étriers, les bouteilles modelées en forme de fruit, de visage ou d’animal, et les récipients doubles unis par une anse en pont. Ce sont les Virus qui inventèrent les huacos, vases-portraits souvent reconnaissables à leurs yeux en amande, qui seront repris et portés à leur perfection par les Mochicas. En métallurgie, c’est le début des alliages d’or et de cuivre sur tout le littoral.
Durant le IIIe siècle, la culture Viru subit de plus en plus l’influence de la culture Moche qui se situe un peu plus au nord, et finira par s’éteindre pour lui laisser place.
[4] Le kaki ou plaquemine de Corée ou encore plaquemine de Chine, ou parfois figue caque, est le fruit du plaqueminier du Japon (Diospyros kaki), de la famille des Ébénacées.
[5] La niacine (acide nicotinique) est un composant de la vitamine B3 avec son amide, la nicotinamide, (niacinamide). La vitamine B3 est parfois appelée vitamine PP pour pellagra preventive. La pellagre est due à une carence en cette vitamine.
[6] Pratiques plus traditionnelles qu’efficaces.
[7] Pratiques plus traditionnelles qu’efficaces
[8] Lekima a servi, à la demande du Vietnam ,à nommer un typhon Lekima qui a dévasté le Tonkin , le 10 mars 2007, causant plus de 50 morts et 15 disparus et environ la destruction de 6 000 maisons et 52 000 inondées et/ou endommagées.